103- DECOUVERTE DE MASSILLARGUES

Publié le par OUDINE Anita

 

 

             

            Dans un texte, intitulé "La Cour", Gérard Laubie raconte la découverte, à Massillargues, de ce lieu, où, après la fermeture de sa Galerie parisienne en 1986, il a implanté, avec l'aide de son épouse Lise, un nouveau centre consacré à l'Art et aux Artistes : le C.I.E.C.L.E (Centre International d'Expression Culturelle ).

 

            "C’est un ami du Gard, Jean-Jacques, qui m’a signalé un mirage lors d’un séjour d’été. 
             En le découvrant, il a vu une oasis. 
             En le transformant, après trois années de travaux, cela devint un Paradis.

             Paradis, que ces bâtiments de ferme du château d’un petit village isolé perché sur un piton.
            Poulailler, porcherie, pigeonnier, bergerie, écuries, étable, magnanerie cernant une vaste cour intérieure clôturée de murs.

            Architecture séculaire paysanne où toutes les ouvertures étaient en arcade. Tous les murs portant les cicatrices des ans.

            L’ensemble s’acheminant dans un état de délabrement sublime, mais ne nécessitant que des travaux d’Hercule. Ceux d’un fou et d’un passionné. Pierres, galets du Gardon, sols en terre et quarante-sept camions de déchets, plus une fosse à purin en prime. Un rêve. 

             Et portant un nom royal : la "Cour". 

            

            Et surtout un passé, une âme palpable. Celle de générations de ce village : paysans, vignerons, maçons, charpentiers, couvreurs de tuiles romanes, qui lui avaient donné la Vie. Avec leurs efforts, leur sueur, leur savoir-faire, leur amour. Leur "Cour".

             Chargée d’histoire, de drames, d’idylles et de centaines de souvenirs.

            Et puis a amorcé sa déchéance vers la ruine des bâtiments par la décision du châtelain d’arrêter les activités fermières et de chasser les animaux : chevaux, vaches, porcs, poules, vers à soie.

             Laissant la "Cour" orpheline.

 

             C’est dans cet état de délabrement avancé que Lise et moi l’avons découverte. Mais, même ainsi, nous avons décidé de lui rendre sa vie, de panser ses blessures, sans réfléchir à l’ampleur de la tâche. Un authentique coup de cœur pour son architecture, ses arcades. Pour un nouveau destin : celui de l’Art. 
              Il fallait être un peu fou, mais quel défi !

 

            Durant les travaux de restauration, quarante-sept camions de déchets divers furent évacués, des tranchées creusées pour amener l’électricité, l’eau, partout.

             Deux années plus tard, et grâce au travail acharné d’une équipe de choc : terrassiers, maçons, plombiers, électriciens, horticulteurs.

             Sous notre supervision et décisions, la "Cour" retrouve la Vie : celle d’une oasis. Et une sorte de sourire sous l’œil des villageois enchantés de la voir renaître, de revivre mille et un souvenirs d’enfants et d’adultes.

             Les murs eux-mêmes, fissurés, dégradés, dépouillés de peinture, retrouvèrent un souffle nouveau, comme dans un mirage. Celui de deux fous, passionnés par leur histoire et le désir de les faire revivre. Mais autrement. En y créant une nouvelle aventure : celle d’un Centre d’Art.

 

             A la place des animaux, une nouvelle race envahit l’espace avec l’arrivée de dizaines d’artistes venus de tous les pays : peintres, sculpteurs, photographes, et même, une fois, des trapézistes.

            Peu à peu, les murs se peuplèrent de tableaux, de dessins, de tapisseries. Et les sculptures envahirent l’espace, par terre, ou posées sur des socles de pierre ou de bois. Dressés tels des menhirs. Eclairés par des spots installés par nos soins. En marbre, granit, bois, fer, béton et autres matériaux. Pour le plaisir des yeux, les émotions de tous les visiteurs, amateurs d’Art, responsables culturels de toutes les cités d’alentour, et même de Paris.

              Les jours – et nuits – de vernissage de chaque exposition, furent autant de fêtes qui resteront dans le mémorial du Gard. Avec des buffets astronomiques de produits du terroir. Le tout en musique, et la plupart du temps, des orchestres de jazz ou gitans. Créant une ambiance, une atmosphère de fête, jusqu’aux premières lueurs de l’aube. Sous l’œil des appareils photos crépitant de toutes parts, et des caméras, pour conserver une trace visuelle à jamais. Presse et chaînes de télévision ne tarirent pas d’éloges sur la qualité des Expositions, avec, souvent, des interviews d’artistes, tous présents, venus des quatre coins de France, d’Europe, et même d’Amérique. Dans ce minuscule village de Massillargues. Fiers de présenter leurs œuvres.

             C’est ainsi que l’oasis devint un Paradis." - G.Laubie.

 

(à suivre)

Publié dans Galeriste

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