151 - LA SAGA DES YAKAS

Publié le par OUDINE Anita

 

                     Et maintenant, une saga qui était chère au coeur de Gérard Laubie. Il l'avait, bien sûr, imaginée pour ses petits-enfants.

 

La Saga des Yacas

Les Yacas - d'après Nathalie Woods-Laubie

 

 

 

 1 - LE MONDE DES  YAKAS


                   Dans la nuit des temps, la Forêt de Brocéliande, au cœur du pays celtique, magique et mystérieuse, était peuplée de créatures inconnues, des humains, qui ne s’aventuraient point par peur des terrifiantes légendes.

                   Sous les épaisses frondaisons d’arbres centenaires, vivaient des races étranges, de physiques et de mœurs très différents. L’une d’elles se distinguait entre toutes : les YACAS. 

                     Les YACAS étaient des gnomes. Mais d’un genre très particulier. On les reconnaissait à leur barbe fournie, quel que soit leur âge – même les enfants naissaient barbus. Et aussi à leur chapeau pointu comme des cornets. Tous de couleurs vives.


                    Mais plus que leur physique, c’est leur caractère qui en faisait des êtres à part. Car ces gnomes étaient d’un naturel aimable, voire farceur. Ils ne pensaient qu’à protéger les faibles, châtier les méchants, inventer des jeux. Et surtout faire des choses. Dans tous les domaines. Pour eux et les autres.

                       Y’a qu’à ramasser des châtaignes ! disait l’un
                       Y’a qu’à construire des abris contre la pluie.  
                       Y’a qu’à faire des habits pour ceux qui ont froid l’hiver. Etc… etc…

                        Voilà pourquoi on les avait baptisés les YACAS.


                       Outre leurs tâches diverses, les YACAS amoncelaient à quelques centaines, des pierres énormes, que plus tard, bien plus tard, on appellera les menhirs. Pour les YACAS, c’était simplement des repères pour retrouver leur chemin si par hasard ils s’égaraient.


                       Les YACAS s’étaient choisi un chef : FAUCON.

                        Alors que le YACA ordinaire se contentait souvent d’exprimer un souhait, FAUCON, lui, était pour la réalisation immédiate. Et il payait de sa personne, toujours le premier. Ce qui simplifiait beaucoup la vie. Son physique aussi en imposait. Il dépassait les autres d’une bonne tête, sa taille frisant les quarante centimètres.

                      Ainsi, "Yaca ramasser des pignes de pin" se transformait en "Faucon ramasse tout ça, et que ça saute. Allez ouste !"

                     La seule faiblesse de FAUCON, c’était son penchant pour la nourriture fine. Un vrai gourmet. Son plat favori : la tête de fourmi farcie. Ou encore : l’aile d’araignée sur un lit de mousse. Les deux spécialités du chef cuisinier, YACA GASTROGNOME, secondé par le marmiton YACA-BOUFFE.

                     FAUCON avait refusé de rendre la justice. Ce rôle était dévolu au plus ancien des YACAS : JE SAIS TOUT, qui réglait tous les conflits à la satisfaction générale.

                     Bref, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes des YACAS qui charmaient la Fée MORGANE et enchantaient MERLIN. Sauf qu’ils n’étaient pas seuls dans la forêt, outre tous les animaux sauvages : sangliers, chevreuils, mulots, lièvres, écureuils, oiseaux de tout poil…

 



                    Les vilains Yakapas - d'après la fille de l'auteur.

 

                 Une autre race de gnomes hantait les futaies. A vrai dire, ils n’avaient guère de points communs avec les YACAS. Déjà physiquement. Disons qu’ils étaient franchement laids avec leur visage bosselé, leurs yeux proéminents, leurs oreilles démesurées, leur bouche de travers, un rictus en guise de sourire, une touffe de cheveux raides et une moustache en croc. Le pire, c’était leur queue, derrière, pleine de poils en tous sens.

                  Quant à leurs vêtements, ils étaient à l’image du reste, ce qui est tout dire : couleurs criardes, tissus grossiers coupés n’importe comment. Seules, leurs bottes taillées dans des peaux de bêtes sauvages sauvaient l’ensemble du désastre.

                   Mais tout cela n’était rien par rapport à leurs mœurs. Ils ne pensaient qu’à deux choses : en faire le moins possible, et profiter du labeur des autres – d’où l’énorme poil qu’ils avaient dans la main. Bref, tout l’inverse des YACAS.
Comment s’étonner dès lors qu’on les appelât les YACAPAS. Et qu’ils ne soient pas très populaires dans la forêt de Brocéliande.

                      - Yacapa faire ci ! 
                      - Yacapa faire ça !


                     Sous-entendu, d’autres le feront à notre place. Et de préférence les plus faibles comme les Trolls ou les lutins. C’est ainsi qu’un pauvre couple de Trolls, venu de Norvège on ne sait comment, s’était vu embrigadé par les YACAPAS pour traîner leurs fardeaux. Ils les avaient baptisés TROLL et BUS.

                      Bien longtemps, les YACAPAS n’eurent pas de chef. La perspective d’avoir une tâche supplémentaire écartait tous les candidats. Finalement, ils désignèrent à l’unanimité, moins une voix, celle du malheureux, un YACAPA qui commençait toutes ses phrases par : "Yapa l’feu".

                     D’autre part, son énorme poil dans la main était comme un sceptre et l’avantage qu’il tira de cette situation fut qu’il était dispensé de toute tâche physique. Il exigea qu’on mît à son service un secrétaire Yacapa qui rédigeait tous ses édits, et un porte-parole bègue pour lire ses discours, ce qui en faisait un bouc émissaire tout trouvé et qui fut baptisé YACANIET. Lorsqu’il lisait un décret, en général les YACAPAS s’endormaient avant la fin !


                      Les farfadets mettaient un peu de fantaisie dans cet univers. Ils avaient l’incroyable faculté de devenir lumineux en pleine nuit. D’où leur surnom de feux follets. C’est ainsi qu’ils égayaient les cérémonies rituelles, les mariages, dans des ballets de lumières aériens qui émerveillaient le public. Tout cela contre un peu de nourriture : des girolles de préférence dont ils raffolaient, avec des mûres ou des myrtilles. Dans toute la forêt, ils n’avaient que des amis.



                      Tout eut été pour le mieux s’il n’y avait eu les NINJOS, surnommés PINCE-PILATES. Cette race cruelle faisait régner la terreur sur leur passage. Les NINJOS étaient des scarabées géants de près de vingt centimètres. Leur carapace dorée les faisait ressembler à des guerriers Samouraïs. Armés de leurs pinces coupantes en guise de mains, ils s’attaquaient à tout ce qu’ils trouvaient sur leur chemin, même aux gnomes bien plus grands qu’eux. Leur cuirasse les rendait quasi-invulnérables. Heureusement, FAUCON conseillé par JE SAIS TOUT, avait trouvé leur point faible. Renversés sur le dos, les NINJOS étaient impuissants, leur ventre n’étant pas cuirassé. Mais il fallait une vingtaine de gnomes, avec des bouts de bois en guise de levier pour les basculer et le cas échéant boulotter leurs entrailles.

                     Le plus grand et le plus féroce, SECTORIUS, s’était proclamé chef en éliminant les autres candidats. Du coup, il s’était baptisé L’INVINCIBLE. Et les autres lui obéissaient à la pince et à l’œil. Son rêve, c’était de combattre FAUCON face à face, pour voir qui était le plus fort. Ce qui en aurait fait le roi de la forêt, et des YACAS, ses esclaves.

 

Sectorus l'invinsible, d'après Nathalie Woods-Laubie

*****


SAUVONS LES LAPINS



                    Un soir, le chef de patrouille des Hiboux, surnommé ŒIL de FAUCON pour sa vision nocturne exceptionnelle, s’envola à tire d’aile faire son rapport au camps des YACAS.

                     Il avait remarqué que de nombreux YACAPAS avaient fait tresser par des lutins des lanières de feuilles et d’herbes pour en faire des collets. Pièges destinés à capturer des lapins à la sortie de leur terrier. Car les YACAPAS étaient carnivores de viande crue. Après les avoir fait dépouiller par leurs deux trolls pour ne pas se fatiguer.

                    FAUCON convoqua sur le champ le Grand Conseil des YACAS pour empêcher cette Saint-Barthélémy des lapins.

                      -Yaca envoyer les mulots boulotter les collets, dit l’un.
                      -Yaca remplacer les collets par d’autres bien plus larges, de la taille des YACAPAS. Comme ça, c’est eux qui se prendront à leur propre piège !

                       FAUCON trancha en décidant que c’était ça la bonne idée. Et qu’en plus, ce serait rigolo à voir par tous les habitants de la FORET. Ce qui fut fait…

 

 Un lapin qui a échappé à la St Barthélémy des lapins - toujours d'après Nathalie!

à suivre...

G.Laubie

La Saga des Yakas - Tous droits réservés .



 

Publié dans Conteur

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